noblesse oblige

PROLOGUE
il ne vous reste plus que quelques semaines encore à jouir de la douce capitale avant que d'immenses fêtes élégiaques parachèvent vos derniers jours au collège royal où tant d'heureux jours se sont écoulés en la compagnie de vos camarades. C'est une petite fin mais les prémices d'une grande aventure !


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prologue, partie 1
tisseur de la destinée
l'intemporel
tisseur de la destinée


PROLOGUE PARTIE 1

Vous avez choisi Albane comme partenaire et vous la rejoignez à présent dans le narthex de la Cathédrale. Vous entrez dans la pièce religieuse et vous la trouvez à genoux au premier rang. Dos à vous, elle est visiblement en train de prier et ne vous a pas entendu arriver.
Odile de Bohemie
Odile de Bohemie


The Beginning
De son pas léger, Odile effleurait les dalles en marbre blanc de la longue allée principale. Le vent printanier soufflait timidement sa brise et elle le sentait s'infiltrer au creux de sa nuque, soulevant sa chevelure qui sous les rayons du soleil scintillait comme un diamant. Naturellement, les regards convergeaient vers elle et Odile se savait au centre de leur conversation, son prénom pendu à toutes les lèvres et ses actions à l'origine de toutes les rumeurs. Personne ne pouvait ignorer la sainte de Suzeron, et Odile en tirait une certaine satisfaction, loin d'être aussi humble que ses sourires chastes le laissaient penser.

Poussant la lourde porte de la cathédrale, Odile pénétra dans le lieu sacré. Comme à chaque fois où elle mettait les pieds dans cet imposant monument, un sentiment de quiétude inhabituel la prenait. Une émotion indescriptible s'engouffrait dans son coeur et était pompé dans tout son corps, à travers ses veines, tempérant le feu entre ses côtes. Elle avait l'impression qu'une pièce s'emboitait à sa juste place et que chaque question avait trouvé sa réponse.

Et pourtant une envie tout à fait contraire la titillait aussi. L'envie malsaine et pourtant tellement humaine de souiller ce lieu immaculé, où les plus pieux de la noblesse se recueillaient. Odile en apercevait une justement, l'étoile de Lyonnesse agenouillée devant une statut représentant la déesse. Elle considéra la statut quelques instants et finit par conclure qu'un vulgaire bout de pierre sculpté ne pourrait jamais égaler la beauté de celle qui l'a un jour bénite.

Son regard se reporta sur Albane. Bien sur, Odile ne l'avait pas choisit par hasard. Elle voyait en la jeune héritière un sujet dévoué et ce projet à deux lui permettrait d'assurer sa place à ses côtés. Pour une croyante, Odile était certainement ce qu'il y avait de plus proche de la déesse et utilisé à bon escient, cette conviction pouvait transformer le plus farouche des ennemis en un loyal allié. Odile savait toucher le coeur des religieux par sa qualité de sainte et aujourd'hui c'était celui de Albane dont elle s'emparerait.

Elle attendit que cette dernière finisse sa prière et une fois que la grande blonde se retourna, Odile lui adressa un sourire doux comme le velours.

Bonjour Albane. Comment s'est déroulé ta journée ?
Albane de Lyonesse
Albane de Lyonesse


Albane n'aimait pas son surnom car elle était convaincue que sa lumière ne lui était pas propre. Ce qu'on pensait émaner d'elle n'était en réalité qu'un reflet dont lui faisait grâce la déesse. Elle n'était pas une étoile autant qu'elle était une lune ou alors son receptacle.

Un instrument confondu avec le mobilier liturgique de la cathédrale qui n'avait plus aucun secret. Pas plus que la prière psalmodiée inlassablement.

Notre dame,
Humblement je vous sers,
Et voici mon coeur et et voici mon corps,
Que je dépose à l'autel de votre cause,
Votre lumière est ma vérité
Et votre lumière me protège.


Elle priait avec tant de ferveur que ses mots brouillaient le bruit ambiant. Dans l'abandon total de sa foi aveugle, la pièce semblait se réchauffer et elle ne tarda pas à comprendre pourquoi. Lorsqu'elle rouvrit enfin les yeux, un reflet brillant mais doux illuminait la surface de l'autel qui faisait soudain pale figure face à ce qui était réellement sacré.

Odile était là et une des plus belles cathédrâles de Suzeron s'écrasait de modestie face à ce qui était grand et ce qui était véridique. Albane se retourna et posa une main sur son coeur pour saluer le Seraphin.

- Odile.

Elle courba subtilement la nuque d'une manière protocolaire.

- De manière agréable.

Ce qu'elle aurait dit quoi qu'il arrive même si cela n'avait pas été le cas. Elle se redressa finalement et ses yeux grands yeux bleus étaient un miroir où se refletaient le pale halo d'Odile. Albene portait le sourire de quelqu'un qui faisait face au soleil, irradié par un été clément et sa douce brise.

- Et la tienne ?

La présence d'Odile rasserenait sa foi en ces derniers jours. Et bêtement elle aimait voir dans leur proximité des auspices heureuses, comme l'enfant naïf imagine sa belle étoile dans tout ce qui brille : un souhait adressé à une étoile filante.

Celui de ne pas mourir avant d'illuminer un petit bout de terre au nom de la déesse.

Il était difficile alors de cacher son bonheur à l'idée de travailler avec Odile pour le concours de la Dévotion. Elle ne masquait pas sa joie mais s'efforçait d'être modeste et sérieuse.

- Je craignais que mon oeuvre ne puisse rendre un honneur adequat à notre Dame. Je suis chanceuse d'être avec toi.

Albane s'effaçait déjà car qui de mieux qu'un élu de la déesse pour savoir comment la glorifier.
Odile de Bohemie
Odile de Bohemie


The Beginning
De manière agréable également.

Elle ne mentait pas. Odile tremblait d’excitation à l’idée de faire de ce projet le plus grand des succès mais rien ne transparaissait sur son visage figé comme la glace. Elle laissait juste l’ombre d’un sourire planer sur le bout de ses lèvres, pour se donner cet air accessible sans jamais paraitre atteignable. Il fallait dévoiler juste assez pour entrevoir l’humaine, et effacer tous les excès pour demeurer la sainte.

C’est moi qui te remercie d’avoir accepté de te joindre à mes côtés. Tu le sais certainement, mais ce projet m’est assez spécial et je ne peux que me réjouir de travailler avec une personne aussi talentueuse.

Les notes d’Albane en art démontraient l'étendu de ses capacités et Odile comptait utiliser son talent à bon escient. Mais sa comparse possédait surtout une qualité inestimable lorsqu’il s’agissait d’un tel projet, et c’était sa ferveur de croyante. Elle lisait sur le bleu limpide de son regard toute la dévotion et tout l’amour qu’elle portait à la déesse, et Odile voulait les pousser à leur paroxysme, lui montrer comment faire de cette piété sa force et ainsi son inspiration.

Odile croyait inéluctablement en la déesse, l’ayant aperçu de ses propres yeux, mais ne la vénérait pas comme Albane. Pour rendre ce projet grandiose, il lui manquait ce dévouement farouche pour faire de l’art un chef d’oeuvre et elle espérait que Albane insuffle ce sentiment à leur futur création. On ne pouvait célébrer une déesse sans l’aduler, et si Odile la connaissait mieux que tous, sa foi demeurait un flot de pensées contradictoires. Elle l’adorait et la détestait tout autant.

Se tournant subitement, Odile pointa du doigt la statut représentant la déesse.

Que penses-tu de cette statut, Albane ?

Il y avait dans l’intonation de cette phrase quelque chose de didactique, comme un professeur mettant son élève à l’épreuve.
Albane de Lyonesse
Albane de Lyonesse


Elle courbe poliment la tête pour accepter gracieusement les compliments et s’en arrête à cela, sans doute car la famille De Lyonesse ne s’est jamais prêtée au jeu des discussions obséquieuses, où se retourner des compliments à n’en pas finir est un concours qui les rend creux.

Albane écoute la question d’Odile et la courbe de son regard s’arrondit légèrement comme si l’on venait de la plonger au milieu d’un examen.

Peut-être parce qu’il est difficile de nommer l’évident et d’appréhender la forme d’un sentiment aussi fort que sa foi.

Ses yeux se ferment pour mieux réfléchir et lèvres se délient alors qu’elle tâche de répondre avec éloquence.

Petite, j’ai toujours pensé que toutes oeuvres étaient de pâles figure face à l’apparence véritable de notre Dame.


Sa conviction se renforce au fur et à mesure de son discours.


Lorsque je me suis retrouvé ici, j’ai compris qu’il ne s’agissait pas d’illustrer fidèlement sa grâce ni sa beauté mais de les honorer avec toute la dévotion dont sont munies nos mains mortelles. Et je crois qu’il n’y a pas de  plus belle statue dans tout Suzeron. Au delà des détails cryséléphantins, de la pureté de son marbre et de son quartz, quand je vois les détails infimes qu’un maître artisan a étalé sur vingt ans de conception, j’imagine sa piété, comme cette oeuvre a été sa vie et comme notre Dame est grande pour inspirer en nous cette émotion.


Elle parachève son discours en observant la statue avec émotion.


Il m’est facile d’adorer une telle idole, surtout en sachant que sa présence la transcende.


Albane recoiffe les fines mèches qui tombent sur son front paisible en espérant qu’Odile sera satisfaite de sa réponse.
Odile de Bohemie
Odile de Bohemie


The Beginning
Elle sut en écoutant sa réponse que Albane était véritablement le choix parfait. Là où Odile voyait une oeuvre misérable, le fruit d’un labeur inutile car jamais une sculpture ne pourrait frôler la perfection de la déesse, Albane arrivait à porter son regard plus loin, au delà du marbre et des courbes, pour admirer la dévotion de l’artiste. Elle admettait que son analyse la poussait à revoir sa propre vision, mais la sainte ne vibrait pas de la même piété. Ces années passées à perfectionner son oeuvre aurait pu être utiliser à des fins bien plus importantes, et jamais ce temps ne pourra être rattraper. Peut être aussi que ses origines entachaient sa notion de l’art, car si les nobles s’amusaient à collectionner les plus belles oeuvres, dans les bas fonds de Suzeron la beauté n’existait pas. Odile le savait pertinemment, et lorsqu’on connaissait la faim et la misère, les tribulations d’un artiste paraissaient fort vide d’intérêt.

Odile se demanda aussi si la déesse prêtait réellement attention à ces actes de dévotion. Elle n’agissait jamais par hasard et son soutien permettait aux habitants de Suzeron de vivre en paix. La plus belle des célébrations n’était donc pas celle de continuer sur sa lancée, et offrir à tout ses enfants une vie meilleure ? Est ce qu’une statut seulement appréciée par la fine fleur de la société reflétait réellement les intentions de cette entité bienfaitrice ?

Elle finit par hocher la tête.

Ton interprétation est touchante, Albane.

Être sur la même longueur d’onde ne voulait rien dire. Odile l’avait justement choisi car elle savait Albane à l’opposé de ses convictions.

Il est vrai qu’il m’est difficile d’envisager la déesse sous les traits d’une sculpture. Lorsque je pense à notre Dame bien aimée, ce ne sont pas sa perfection et sa grandeur qui m’inspire. Ce sont ses actes, ses conseils, sa vision qui a fait de Suzeron un territoire prospère, et de ses hommes un peuple aimant. Je pense à ses préceptes, à ses paroles qui nous ont sommé de tendre la main à notre prochain et de ne jamais émettre un jugement malicieux.

Odile la regarda droit dans les yeux, son regard brulant d’une émotion particulière.

Et pour célébrer notre mère à tous, je ne peux que vouloir honorer ses enseignements en étant la plus assidue de ses apprenties, et faire de ses souhaits une réalité pour chaque habitant de Suzeron.

Odile marqua une pause.

Est ce que mes convictions résonnent avec les tiennes, Albane?
Albane de Lyonesse
Albane de Lyonesse


Contrainte à une terrible ignorance par toute sa noblesse et toute son éducation, Albane ne soupçonne comme le motif d'Odile s'étend et comme il englobe une caste qui pour les gens comme elles, n'existent pas. Alors elle acquiesce vivement, enthousiasmée par le projet du séraphin sans savoir à quel point il est large, la main posée sur le coeur.

- Oui. C'est un honneur pour moi d'oeuvrer avec toi.

Albane est cependant perplexe des moyens que comptent se donner Odile pour y parvenir alors elle l'interroge :

- Et quel est donc la marche à suivre ? Dis moi et je serais ta main.

Une ligne déterminée où l'hésitation n'existe pas plisse son regard parce qu'Albane ne demande qu'à se désincarner pour devenir l'instrument de la volonté divine qui gouverne son existence depuis toujours. Et c'est suspendue au précipice d'une phrase qu'elle croit trouver un bout de son destin.
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